Le recours au biocarburant B100 est en effet une solution ne nécessitant pas de modifications importantes de la motorisation des trains roulant au gazole tout en permettant de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’environ 60 %. C’est la société Bolloré Energy, premier distributeur indépendant en France de produits pétroliers et acteur majeur de la logistique pétrolière, qui a remporté l’appel d’offres lancé par SNCF Voyageurs pour tester ce carburant alternatif durable. Dans le cadre de ce nouveau contrat, Bolloré Energy va fournir à la SNCF du biocarburant B100 produit en France par son partenaire Valtris Champlor, transformateur français de colza. Ce carburant, à l’essai dans le domaine pétrolier, est déjà proposé par Bolloré Energy à d’autres acteurs du transport, et en particulier aux sociétés de transport de marchandises.
Le B100 pour rouler plus vert
Le projet B100 fait partie des innovations en cours de développement visant à sortir du parc l’ensemble des trains roulant au diesel en proposant des solutions alternatives. Le B100 est un biocarburant d’origine 100 % végétale obtenu à partir de la transformation d’huile de colza. Il offre une autonomie proche du gazole et ne peut être utilisé que par les professionnels du transport ayant leurs propres dispositifs de stockage et de distribution. Le biocarburant B100 rend possible la transition énergétique sans modification significative des rames. Les premiers tests sur banc d’essai réalisés en 2019 s’étaient révélés prometteurs en termes de compatibilité avec les moteurs équipant les rames déjà en service. Ils ont aussi démontré des performances environnementales significatives avec une réduction des émissions de polluants (NOx et particules) en plus de la diminution de 60% des émissions de gaz à effet de serre du « champ au rail » (de la production de colza jusqu’à son utilisation par le train).
Engagée depuis plusieurs années dans la transition énergétique, Bolloré Energy, en association avec Valtris Champlor garantissent à SNCF Voyageurs la qualité, la durabilité et la traçabilité de ce bio carburant issu de colza cultivé et transformé en France par un opérateur reconnu, partenaire du monde agricole. La solution construite repose sur l’ancrage territorial fort de Bolloré Energy et de ses partenaires, particulièrement en Région Normandie, à travers ses dépôts et sa chaine logistique d’approvisionnement de la station-service SNCF de Granville. Les « stations-services » SNCF ne peuvent toutefois distribuer qu’un seul type de carburant c’est pourquoi la généralisation du B100 nécessitera la modification des installations fixes sur des stations qui approvisionnent également des matériels traditionnels fonctionnant au gazole non routier.
Expérimentation de 3 mois sur la ligne Paris-Granville
L’expérimentation du biocarburant B100 prévue sur la flotte Regiolis de la ligne Paris-Granville se déroulera sur trois mois : d’avril jusqu’à juin 2021. Elle intervient suite au test réalisé au premier semestre 2019 sur banc d’essai moteur Regiolis à l’Institut Français du Pétrole et des Energies Nouvelles (IFPEN). Cette fois, les essais se dérouleront en service commercial, c’est-à-dire en conditions de circulation réelle, avec des passagers, ce qui constitue une première en France. La phase expérimentale doit permettre d’appréhender l’autonomie des matériels lorsqu’ils circulent au carburant B100 mais aussi le fonctionnement du matériel roulant en observant le comportement du moteur thermique. La traçabilité des opérations de maintenance curative et préventive, le suivi qualitatif du carburant B100 ainsi que la robustesse et les points critiques de la chaine logistique d’approvisionnement seront également analysés.
Une ambition : sortir du gazole à terme
L’expérimentation du biocarburant B100 fait partie de l’ambition de SNCF Voyageurs d’agir face à l’urgence climatique et de faciliter l’accès de tous à la mobilité durable. En effet, à travers le programme PLANETER fondé sur la conviction qu’avec « + de TER, il y a moins de CO2 », plusieurs projets d’innovation sont en cours pour promouvoir les vertus environnementales du TER et accompagner les Régions dans leur volonté de proposer des solutions de mobilité toujours plus propres : hydrogène, hybride, batteries, biocarburant. Avec PLANETER, TER souhaite baisser d’un tiers l’empreinte carbone des passagers et d’éviter d’émettre 500 000 tonnes de CO2 en France en convaincant les automobilistes de prendre le train et en proposant des alternatives au diesel.